l’occasion du 150ème anniversaire du pèlerinage de Saint Antoine Marie Claret au Royal Monastère de Santa María de Guadalupe nous vous offrons la conférence du P. Carlos Enrique Sánchez Miranda, CMF Directeur du CESC.

 Une salutation cordiale à tous. Tout d’abord, j’exprime ma gratitude à la Royale Association de Chevaliers d  Santa María de Guadalupe pour l’invitation aux Missionnaires Clarétains à participer à ces LXXXVIII Journées d’Hispanité à l’occasion des 150 anniversaires du pèlerinage de Saint Antoine Marie Claret à ce Royal Monastère.

Deuxièmement,  je veux manifester ma joie de venir à ce Sanctuaire en tant que pèlerin hispano-américain. La raison la voici; je suis né dans une petite ville du nord du Pérou voisine à une autre plus seigneuriale  appelée précisément Guadalupe. Celle-ci, fondée en 1550 par le capitaine Francisco Pérez de Lezcano doit son nom à Notre Dame de Guadalupe  d’Estrémadure

[1]. Ma mère native de cette ville, me transmit une ressentie dévotion à ce vocable, c’est pourquoi, à chaque année nous participions  au pèlerinage de masse qui a lieu le 8, décembre. Avec joie je viens, donc  remercier Notre Dame de Guadalupe, Reine de l’Hispanité pour avoir éclairé les premières heures  de l’évangélisation de ma terre   ainsi que les premières heures de ma vie chrétienne.

Par la suite, je vais me centrer sur le thème que l’on m’a demandé d’exposer. Cette intervention comprendra trois points afin de comprendre, de la meilleure façon possible, l’événement ainsi que le contexte de ce qu’aujourd’hui nous commémorons. Dans le premier, je voudrais présenter brièvement  le parcours biographique  de saint Antoine Marie Claret, Dans le deuxième, j’essaierais   de  focaliser le moment vital du Missionnaire lorsqu’il fit son pèlerinage à ce Sanctuaire. Et dans le troisième, je vais approfondir les traces que laissa ce fait historique aussi bien  dans la vie de l’Archevêque que dans l’histoire du Sanctuaire et Monastère.

1.- Saint Antoine Marie Claret, naquit pour évangéliser

 Le plus original de la personnalité de saint Antoine Marie Claret et Clarà se concentre sur le titre de Missionnaire Apostolique, qu’en 1841, reçut de la Curie Romaine. Depuis ce moment-là ce titre devint son signe d’identité et dans son projet de vie[2]. À partir de cette clé nous poursuivrons le fil conducteur du bref parcours biographique de ce personnage crucial dans l’histoire de l’Église espagnole du XIX siècle ainsi que la signification de sa visite à ce Sanctuaire.

Antoine Claret naquit à Sallent (Barcelone) le 23 décembre, 1807, dans le sein d’une famille profondément chrétienne. Il fut le cinquième d’onze frères. À l’âge de 12 ans, en 180, il ressentit l’appel du Seigneur au sacerdoce et il commença à étudier le latin. Les lois anticléricales de ce que l’on appelle Triennat Libéral interrompirent sa préparation pour faire son entrée au séminaire seminario et son père le mit à travailler à la fabrique textile familiale. Connaissant son habilité dans ce domaine, à l’âge de dix-sept ans, il  se dirigea à Barcelone où se dédia à l’étude et au travail. Au cours de sa quatrième année de séjour à Barcelone il subit quelques déceptions et il fut sur le point de se noyer,  étant un jour sur la plage. Le souvenir du texte de l’Évangile À quoi lui sert-il gagner tout le monde s’il en va de sa vie ? (Mt. 16,26) le mena à se questionner  sur le sens de l’existence. À l’âge de 21 ans, il se dirigea à la ville de Vic, où il étudia dans son séminaire. Il fut ordonné prêtre le 13 juin, 1835. Il fut envoyé à son village natal, où il y demeura quatre années. Au cours de cette Période, la Parole de Dieu, à nouveau le désinstalla des sécurités qu’il possédait, c’est pourquoi, il se rendit à Rome. Où il essayait  de s’offrir pour une mission en terres d’Orient ; mais de fait, dû à une série de circonstances, il finit pour faire son entrée au noviciat de la Compagnie de Jésus, où il y demeura cinq mois.

En mars, 1840, de retour à Catalogne, le vicaire capitulaire du diocèse de Vic, Luciano Casadevall, l’envoya à Viladrau, petite localité rurale. Là, après quelques mois d’attention pastorale et réussir une renommée de guérisseur, le 15 août, 1849, réalisa sa première mission populaire. Dès ce moment-là  jusqu’en février 1848 il s’adonna  à prêcher missions  dans presque tous les diocèses catalans. Par après, il fit de même aux îles Canaries, où il y séjourna treize mois, Depuis 1835, lorsque les religieux  avaient été expulsés de leurs couvents dans toute la Péninsule, presque personne prêchait des missions populaires et il semblait impossible le faire à travers cette situation politique-là si convulse. Le P. Claret, grâce à son audace et courage, arriva à en prêcher, plus de cent.  Malgré son effort à ne pas se mêler en politique, il subit des persécutions et calomnies. Il publia  nombreux livres, opuscules et dépliants, jusqu’à ce qu’en 1848, avec M. Josep Caixal, il fonda la nommée Librairie Religieuse. Il se préoccupa de la promotion des laïcs, en tant que protagonistes de l’évangélisation, spécialement, des femmes, à une époque où les ecclésiastiques  se méfiaient d’elles. Il s’occupa, également, à motiver  et former  les prêtres afin qu’ils puissent  vivre  leur ministère  avec un zèle plus apostolique. Le 16 juillet, 1849 il fonda, à Vic, la Congrégation des Missionnaires Fils du Cœur Immaculé de Marie. Mais, quelques jours après, le 11 août, il reçut la communication de sa nomination  d’archevêque de Santiago de Cuba.

Il fut consacré évêque en octobre, 1850 à Vic et en décembre il franchit les mers pour prendre possession de son siège. La situation du archidiocèse était déplorable, ça faisait 14 ans qu’il n’y avait pas de pasteur et il était marqué par les traces de l’exploitation et l’esclavage, l’immoralité publique, l’insécurité familiale, la désaffection à l’église et surtout la progressive déchristianisation. À peine arrivé, le nouvel archevêque entreprit, avec un groupe de collaborateurs, une série de campagnes missionnaires. En six années il parcourut trois fois la plus grande partie de son immense archidiocèse, malgré les difficultés de transport. Il se préoccupa de la rénovation  spirituelle et pastorale du clergé et de la mise sur place de communautés religieuses. Avec Antonia París, il fonda les Religieuses de Marie Immaculée- Missionnaires Clarétaines, afin de desservir l’éducation des petites filles. Il créa une Ferme-école pour les jeunes garçons pauvres, il établit des Caisses d’Épargne Populaires, il écrivit, même  deux livre sur l’agriculture, etc. autant d’activités ayant une répercussion sociale  lui  supposèrent confrontations, calomnies, persécutions et attentats.

En 1857, la Reine Isabelle II l’appela à Madrid et elle le nomma son Confesseur. Il demeura douze ans, à ce poste. Â cette période nous allons nous y référer plus tard. Comme conséquence de la révolution de septembre, 1868, il partit avec la Reine à l’exil. À Paris il se prodigua en multiples activités apostoliques, spécialement en faveur des immigrants espagnols et hispano-américains. En avril, 1869, il se rendit à Rome, où il participa au concile Vatican I. Une fois finies les sessions, avec la santé déjà très brisée, il se rendit à la communauté que ses missionnaires exilés d’Espagne, avaient établie à Prades (France). Jusqu’à la parvinrent ses persécuteurs cherchant son arrestation, ce que l’obligea à se réfugier au monastère des Cîteaux  de Fontfroide, près  de Narbonne ; là il décéda le 24 octobre, 1870. Ses dépouilles furent emmenées à Vic, en 1897, Où elles sont gardées présentement. Il fut béatifié par Pie XI en 1934 et canonisé par Pie XII en 1950.

2.- Le moment vital du P. Claret en tant que Pèlerin au sanctuaire de Guadalupe

 Lorsque le P. Claret arriva à ce Sanctuaire, le 20 mai, 1867, ça faisait, déjà, dix ans qu’il séjournait à Madrid et il était à seize mois de partir en exile. Ces onze années à la capitale furent les plus durs  de sa vie. Tout d’abord, parce que son ministère au service d’une reine c’était la dernière affaire  à ce que pouvait aspirer un missionnaire apostolique comme lui[3]. En second lieu, parce qu’il dut agir dans une ambiance politique très emmêlée. Si bien, en 1857, lorsqu’il arriva à la Cour,  les turbulences de ce que l’on appelait Bienio (période de deux ans)Progressiste était chose du passé et supposément , les eaux politiques s’étaient calmées, à vrai dire la lutte entre les différentes tendances  politiques  ne baissa pas la garde dans leur lutte pour parvenir au pouvoir. Au milieu de ces disputes, le P. Claret essaya d se maintenir en marge  de la politique partisane ; cependant malgré cette attitude, les uns et les autres l’accusèrent d’influencer la jeune Souveraine. Claret, lui-même,  écrivait en 1864 : «  Cette année-ci  j’ai été très calomnié et persécuté par toute sorte de personnes, par les journaux , par des pamphlets , livres, pastiches, par des photographies, et par bien d’autres affaires et même  jusque par les démons, eux-mêmes »(Aut. 798)

 Cependant, le P. Claret  ne se conforma pas d’être une victime, et  de se plaindre, mais il convertit ces années en une étape d’intense activité missionnaire et en une occasion de grandir spirituellement. Il exerça un infatigable travail  de prédication en ville. Il profita les voyages avec les Rois pour prêcher partout en Espagne. En 1859 la Reine le nomma Protecteur de l’église et de l’Hôpital de Montserrat, Madrid, et Président du Monastère de l’Escurial. Dès son arrivée il devint l’homme de confiance des Nonce, c’est pour ça, qu’une de ses plus grandes préoccupations fut douer l’Espagne d’évêques idoines et apostoliques. Il fonda l’Académie de Saint Michel, association  qui agglutina  intellectuels, écrivains, et artistes, aussi bien des ecclésiastique que des laïcs, afin d’évangéliser  à travers la culture. Au niveau spirituel, il parvint à un haut degré de configuration avec le Christ missionnaire, qui s’exprima dans son vécu eucharistique et dans son pardon et amour aux ennemis (Cf, Aut. 694, 825)

Son haut degré de vie mystique, ne l’empêcha pas de s’occuper des affaires matérielles que la mission apostolique lui exigeait ; au contraire, chaque grâce spirituelle l’engageait davantage à profiter son talent pratique aux tâches apostoliques. En réalité le P. Claret fut un mystique de l’action. Son pèlerinage au sanctuaire de Guadalupe se déroula à l’intérieur d’un voyage entrepris avec la résolution de veiller au bon fonctionnement des propriétés du Royal Monastère de l’Escurial. La Reine lui commanda le soin et la direction de cet ancien monastère se trouvant dans une situation déplorable. Pendant neuf ans, le P. Claret réussit le convertir en un foyer d’irradiation spirituelle et culturelle. Il mit sur pied plusieurs institutions ; une Corporation de Chapelains, une Manécanterie, Un Collège d’Enseignement Secondaire et une année de préparation à l’Université, un Séminaire Supra-diocésain et il commença l’établissement d’une Faculté de Lettres. De plus il s’occupa  personnellement de la récupération matérielle et économique de l’immeuble et ses possessions[4]

Afin  de couvrir les dépenses que supposaient toutes ces activités, il s’adonna à améliorer la négligente administration des multiples possessions du monastère.  Si avant l’arrivée du P. Claret les comptes étaient déficitaires  et le monastère avait besoin  de subventions de la Maison Royale, après, en plus de couvrir les dépenses de maintenance de l’édifice et des œuvres apostoliques, il apportait une forte quantité à la Trésorerie Royale[5]

Le P. Claret avait nommé un procureur, mais  il visita souvent personnellement les propriétés du Monastère. Celle-ci fut la raison de son voyage express  à Estrémadure Auparavant, en décembre, 1866, il avait passé dans ces terres-là accompagnant la Reine lors de son voyage au Portugal. Par contre, en mai, 1867, le P. Claret vint superviser les pâturages des Guadalupes et de l’Espadañal. Les premiers sont situés  à Valdecaballelros, Alia et Castilblanco (Badajoz). Les deuxièmes à Navalmoral de la Mata (Caceres). Il avait reçu des plaintes au sujet d’un administrateur qui était en train de négliger la productivité  des terres et qu’il n’était pas juste avec les travailleurs. Le P. Claret, malgré sa fragile santé, entrepris ce voyage-là, accompagné du vice-président de l’Escurial, le prêtre M. Dionisio González, et du frère de ce dernier, M. Ildefonso, qui s’occupait  de certaines questions administratives. Au beau milieu de la visite aux deux  pâturages, le P. Claret arriva au  Monastère de Nuestra Señora de Guadalupe, transformant ce voyage administratif en un pèlerinage missionnaire.

3.- Les traces d’un pèlerinage mémorable

La visite de Saint Antoine Marie Claret à Guadalupe est suffisamment  documentée. Nous comptons sur une nouvelle publiée dans un journal de la capitale, de l’époque[6] et avec la sobre chronique  que M. Ildefonso González, frère du Vice-président de l’Escurial, écrivit pendant tout lle deuxième voyage de l’Archevêque à Estrémadure[7]. Existent plusieurs articles sur ce sujet lequel, même s’ils furent publiés bien des années après, ils offrent une information de première main[8]. Plus tard, différents historiens se sont référés à cet événement[9]. Parmi  ces derniers, ça vaut la peine souligné le travail exhaustif du clarétain Federico Gutiérrez, lequel dans son ouvrage San Antonio María Claret en Extremadura, dédia  nombreuses pages  pour recueillir la documentation existante et présenter les détails  de ce mémorable pèlerinage[10]

La chronique écrite par Ildefonso González synthétise en quelques mots les faits plus importants de la visite, c’est pour ça, que nous la transcrivons : «  Nous sommes sortis à huit (heures), monsieur Claret sur un ânon, nous à dos de cheval. À cinq (heures) chez un garde, et là nous y avons dormi- Il prêcha./21.- Nous nous rendîmes chez M. Francisco, philippin et riche; il était prêtre et ils nous ont montré tous les bijoux de la Vierge de Guadalupe. Ils se sont bien comportés à notre égard. / Le 22, à sept (heures) et demi, nous sommes sortis et à la sortie nous attendait une paire de gardes qui nous accompagna  pendant tout le voyage… »[11]

Le P. Claret  et ses accompagnants, arrivant de Castilblanco, sont arrivés à Guadalupe lle lundi 20 mai, 1867, en après-midi. S’attire l’attention que le Missionnaire entra comme Jésus « à Jérusalem, monté sur un simple ânon. Le caractère improvisé de la visite fut remarqué dans le fait que l’Économe de la Paroisse, P. Benito Díaz Calero, moine sécularisé,  de Saint Jerónimo el Real de Madrid, n’en eut pas connaissance, et en conséquence,  il ne put accueillir les illustres hôtes au presbytère. Ils logèrent  le premier soir chez le garde du Dehesón, M. Franncisco Guerrero. Par contre le lendemain, le P. Francisco Vázquez les conduisit  chez lui. Ce prêtre-ci était un augustin récollet sécularisé qui avait été missionnaire aux Philippines et il était revenu à son village natal pour y passer ses dernières années[12]. Non seulement il les accueillit. Mais il fut le guide  à travers le Monastère et il leur montra les trésors artistiques du Sanctuaire ainsi que les bijoux de la Vierge.

Même si le P. Claret n’était pas engagé pour prêcher, il ne put contenir son impulsion apostolique et adressa sa parole, aussi bien le lundi 20 comme le lendemain, au peuple réuni à l’église. Un renseignement curieux qu’un témoin consigne est le fait que l’Économe de lla paroisse pria M. Alfonso Rodríguez de construire une petite estrade  afin que le Missionnaire puisse l’utiliser en chaire, au cours du sermon de la deuxième journée. Ce n’était pas la première fois que, dû à sa petite taille (1,55mts.), avait besoin de ce genre de ressources afin qu’il puisse être bien vu par les fidèles.

La courte visite du P. Claret avec ses accompagnants au Monastère prit fin le matin du mercredi 22. Le chroniqueur laissa bien clair qu’ils avaient été bien traités au cours de leur séjour et qu’ils eurent une compagnie sûre au moment de se rendre à Castañar de Ibor, où se dirigeaient pour compléter  leur voyage d’inspection  des possessions de l’Escurial.

3.1. Des grâces qui marquèrent la vie intérieure du Missionnaire

La seule note autobiographique que le P. Claret écrivit au sujet de cette visite affirme : « <Rappelle-toi> des faveurs à la Niche de la Vierge de Guadalupe. Le 20  Mai de S. Ber, de Sienne »[13]. Il s’agit d’un volant contenant,  enregistrées quatre brèves annotations concernant sa vie spirituelle; la dernière, est celle qui se réfère à sa visite à Guadalupe. Lle premier jour de son séjour dans cette localité, le Missionnaire, se trouvant en prière à la Niche de la Vierge brune, il reçut quelques grâces spéciales que, par après, se proposait se rappeler afin de continuer à avancer dans sa vie spirituelle et missionnaire. Malheureusement nous ignorons la date de l’annotation ainsi que le contenu des faveurs reçues de Notre Dame.

Une piste pour s’imaginer quelles pourraient être ces grâces-là nous pouvons la trouver dans les résolutions que le Saint rédigea à la fin de ses Exercices Spirituels, trois mois plus tard. Il écrivit : «  Je me procurerais toujours  la paix intérieure » (AEC, 716). En réalité, il avait bien de motifs dans sa vie  madrilène  si mouvementée de perdre cette paix-là. La situation politique était chaque fois  plus bousculée. En juin, 1866, l’Archevêque avait vécu avec grande consternation le Soulèvement de la Caserne de San Gil car  une des principales barricades  était à côté de chez lui et lui il crut qu’on viendrait l’arrêter et le tuer. D’autre part, la présidence de l’Escurial lui apporta  grand nombre d’intrigues, calomnies et trahisons. Il avait renoncé plusieurs fois, mais la Reine ne lui permit pas de le laisser libre[14]

Au beau milieu de toute cette situation, il n’est pas difficile de penser que sa rencontre avec Notre Dame de Guadalupe fût pour le P. Claret,  porteuse  d’une confiance renouvelée au Seigneur, qui est la source de la vraie paix intérieure.[15]

Le P. Claret avait visité bien d’autres sanctuaires mariaux en Espagne : Montserrat, el Pilar, Covadonga, et.  Mais nous n’avons aucun témoignage sur le fait qu’il ait écrit quelque chose semblable comme résultat de ces visites-là. En juin, 1868, se référant à ses visites à l’ermite de Fusimanya, sise à environ cinq kilomètres de son village natal, il écrivit à sa sœur Rosa : «  Très souvent je me souviens des visites que je faisais  avec toi au dit Sanctuaire…visiter la sainte image de la Très Sainte Vierge de qui j’ai, toujours, tellement  et singulières faveurs » (EC, vol. Ii, 1264). Seulement en ce premier sanctuaire, qu’il visita  pendant son enfance et auquel il revint à plusieurs occasions  étant missionnaire et évêque, et dans de ce dernier de Guadalupe, auquel alla en pèlerinage  un an et demi avant de partir en exile, fit référence à des faveurs spéciales de la Mère de  Dieu.

3.2. Des gestions qui marquèrent l’histoire du Monastère

Le monastère de Guadalupe, lorsque le P. Claret arriva en tant que pèlerin, se trouvait dans un total abandon. Comme vous les savez bien, l’invasion des français, la sécularisation temporelle de 1822 et la suppression des ordres religieux en 1835, conduisirent le monastère au comble de sa décadence.  L’église fut sauve de la désamortissement  à cause de sa condition de paroisse. En peu de temps la négligence  et l’encan d’édifices et matériels, submergèrent le Monastère dans un état ruineux[16].

Dans les notes de Juan Rodríguez au sujet de la visite de Claret, on dit que celui-ci resta en admiration en voyant ce qu’il y avait, parce que malgré d’avoir lu et entendu quelque chose sur le Sanctuaire, jamais aurait cru qu’il en fut autant[17]. Plus tard il ajouta : «  Il dit qu’il en parlerait avec la Reine d’une manière détaillée sur ce célèbre Sanctuaire et que l’on fasse un exposé .Il en fut ainsi et on le rédigea, lequel fut remis à S.M. qu’elle le lut ; mais étant donné  que dans cet exposé  one ne déterminait ou demandait rien, S.M. dit au dit monsieur que l’on demandasse , que si on n’accordait pas tout, ça serait quelque chose ; et si  ce n’est pas maintenant, ça serait plus tard, et on  répondit à ceci , demandant  Patronat Royal, route, plus de culte, etc.  »[18] Le même chroniqueur affirme que peu de temps après arrivèrent des communiqués du Gouvernement au Maire et au Curé sollicitant un inventaire des beautés et monuments artistiques existants au Couvent et le Sanctuaire. Étant donné que les habitants du village étaient échaudés des promesses sans se concrétiser, ils décidèrent  envoyer une commission  qui parlerait personnellement au P. Claret afin de savoir si les gestions que l’on était en train de faire étaient le fruit de son intervention. Trouvant une réponse positive, la commission envoya un télégramme disant : «  monsieur le Maire. Sur l’objet des arts,  et route, bien »[19]. Le village resta plus tranquille. Dommage, qu’avec l’explosion de la Révolution de Septembre, toutes ces gestions-là restèrent paralysées  pour un temps. Cependant, l’intervention de l’Archevêque resta  très bien reflétée dans un texte d’un historien actuel du Monastère, Sebastián García, affirmant : «  Depuis Guadalupe emmena à la Cour d’Espagne sa personnelle impression de décadence et sa ruine et son influence afin de réussir la souhaitée restauration »[20]

Comme nous le constatons, cette rencontre entre le P. Claret et Notre Dame de Guadalupe marqua la vie du Missionnaire et l’histoire de la récupération  de ce Monastère. À l’occasion des Noces d’Argent du Couronnement  Canonique de la Vierge de Guadalupe, en 1953, Félix Granda modela  le nouveau Trône de Notre Dame er parmi les précieux émaux  rappelant les illustres visites reçues par la Vierge, figure celui de l’Archevêque missionnaire.

Que nous, comme le P. Claret, prenions, également, conscience de la proximité de la Mère de Jésus., qui nous aide toujours dans notre cheminement  de disciples de son Fils. En même temps, engageons-nous  devant Notre Dame de  Guadalupe afin que ce Sanctuaire continue de devenir un  foyer de foi et culture éclairant l’Hispanité

Royal Monastère de Santa María de Guadalupe, le 11 octobre, 2017

P.Carlos Enrique Sánchez Miranda, CMF

Directeur du Centre de Spiritualité Clarétaine de Vic

 

 

[1] Le dit entrepreneur, en reconnaissance à Notre Dam de l’avoir libéré de l’exécution d’une injuste condamnation  fit sculpter une réplique de l’image originale d’Estrémadure et il l’emmena au Pérou. Il érigea un simple ermite, laquelle, très tôt devint un sanctuaire et le centre de l’irradiation du christianisme dans ces terres-là. . Déjà, en 1560, commencèrent les premiers pèlerinages  depuis  une différente localité ; quatre ans après, s’y établirent les religieux augustins, lesquels ils réalisèrent un admirable labeur .évangélisatrice (Cf. R.VARGAS UGARTE, Historia  del culto de María en Iberoamérica y de sus  imágenes y santuarios más celebrados, vol.Ii. Madrid, 1956, 99-103,

[2] Être missionnaire apostolique pour le Père Claret signifiait être disciple de la mission de Jésus-Christ, le Fils envoyé par le Père et celle des Apôtres,  envoyés par Jésus-Christ partout dans le monde pour faire connaitre Dieu en tant que Père, et susciter son Royaume à travers l’annonce de l’Évangile. (J.M VIÑAS La « Misión Apostólica »de San Antonio María Claret, dans A. CLARET, Autobiografía y escritos complementarios (â partir de maintenant on va le citer comme AEC, Buenos Aires, 2008,5)

[3] Le P. Claret, lui-même exprima son insatisfaction en affirmant : « Je reconnais que je n’ai pas le génie de courtisan ni de sujet de la cour ; c’est pour ça que le fait de vivre à la Cour et être continuellement au Palais c’est pour moi un martyre continuel » (Autobiographie du Saint <=Aut>, 620). Plus loin, il va affirmer : Je suis, toujours, en train de soupirer pour sortir. Je suis comment un oiseau en cage, qui cherche à travers les  petits barreaux  la manière de pouvoir en sortir ; c’est ainsi, que je suis en train de ruminer comment pouvoir sortir » (Aut. 621)

[4] [4] Cf. S. Blanco, El Escorial bajo la presidencia del P. Claret. Diez años de vida exuberante en el Monasterio (1858-1868): 226 (2013) 127-176.

[5] [5] .Témoignage de M. Antonio Barjau dans le Procès informatif de Vic. Sesión 22.

[6] Cf. La Correspondencia, Madrid, Dimanche 26 mai, 1867, 3. Le correspondant se trompe en affirmant que le P. Claret avait sorti de la Cour pour aller express au Monastère de Guadalupe et en signalant que la date fut le 26 mai, 1867. Journée au cours de laquelle le P. Claret vraiment il retournait à Madrid finissant ainsi son voyage à Estrémadure (Cf. F. GUTIÉRREZ : San Antonio María Claret en Extremadura, Madrid, 1994, 355-358)

[7] Ce compte-rendu fut publié pour la première fois  chez J:POSTIUS, Pontualizando el viaje a Extremadura: Iris de Paz 44 (1927) 845-847, 886-887) Également reproduit

[8] Cf, A. QUIRÓS, El V.P. Claret en tierras extremeñas: Iris de Paz 44 (1927) 685-688; E. MEDIAVILLA, El Venerable Claret y Ntra Sra. De Guadalupe en Extremadura en mayo de 1867: Iris de Paz 46 (1929) 301-302; E.ESCRIBANO, San Antonio María Claret y el Monasterio de Guadalupe; Le journal Hoy, Badajoz, jeudi 22 novembre, 1951, num. 5.941, colonnes 5-7; transcrit chez F. GUTIÉRREZ, o.c. 355-358. Dans ce dernier article l’auteur  présente les nouvelles  de la visite écrites par M. Juan Rodríguez Cano, fils  du dernier orfèvre  des Pères Jerômes, ancien maire de Guadalupe et témoin présent des faits.

[9] Cf. S.GARCÍA, Guadalupe. Siete siglos de fe y cultura, 114; J.F. DELGADO, Los Santos en Guadalupe. El beso de un Santo a Nuestra Señora de Guadalupe: El Monasterio de Guadalupe, janvier-février, 1960, num 525.

[10] Cf. F.GUTIÉRREZ. o.c.349-366.

[11] Cf. C.FERNÁNDEZ,  o.c. Vol. II, 108

[12] Cf. S. GARCIA et F.TRENADO, Guadalupe: historia, devoción y arte. Séville 1978, 201ss. Cité dans F. GUTIÉRREZ o, c, 352.

[13] Manuscrits du P. Claret, vol. II, 64, dans Archives Général de la Congrégation Clarétaine et copie au Centre de Spiritualité Clarétaine de Vic.

[14] En juillet, 1867, il écrivit à son ami M. Paladio Curríus : «  Moi franchement je vous dis  que j’en ai plein le dos, de huit années de persécutions à cause de ce maudit  Escurial » (J.M. Gil : Epistolario de San Antonio María Claret <0EC>, vol. II, Madrid 1970, 1183). En août de l’année suivante, lorsque la Reine lui avait déjà accepté le renoncement  et constatant que personne en prenait la responsabilité, il écrivit à son ami M. Dionisio González : «  On dirait que l’Escurial  est la pouliche   pour tourmenter ceux qui en doivent prendre soin » (EC, vol. II, 1290)

[15] C’est significatif que dans l’annotation dans laquelle se proposait  se rappeler des faveurs reçues il indiquât  que le 20 mai on célébrait la mémoire de  Saint Bernardin de Sienne, moine franciscain  et grand prédicateur italien des XIX et XV siècles, qu’il eut à surmonter nombreux obstacles afin de pouvoir réaliser sa mission apostolique. Claret se souvenait que le jour de cette mémoire la Vierge lui avait accordé les faveurs afin de continuer, fidèlement la difficile mission que l’Église lui avait demandé de réaliser à Madrid

[16] Cf. S. GARCÍA et F. TRENADO, Guadalupe, cita de fe y arte. Barcelone, 1975, 15ss.

[17] Cf. E. ESCRIBANO, o.c., transcrit dans F. GUTIÉRREZ, o.c, 356

[18] Ib.

[19] Id. 357,

[20] S.GARCIA, o.c 114